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certifié bio et équitable
Nos produits Terra Etica sont
certifiés par un label de commerce
équitable et le label Bio européen -
torréfaction artisanale
Nous torréfions nos cafés
lentement avec une courbe de
torréfaction qui révèle les
arômes de chaque origine -
coopératives de producteurs
Nous sommes en lien direct avec 53
coopératives qui se mobilisent pour
maintenir l'agriculture paysanne -
scop située à Pessac (33)
Nous sommes une coopérative de
salariés : chez nous, l'humain prime
sur le capital
22.09.25
Hausse des prix du café : vers un rééquilibrage nécessaire ?
On en parlait déjà il y a quelques mois, le marché du café traverse une crise inédite. Alors que les stocks mondiaux de café sont de plus en plus bas et que la consommation mondiale ne cesse d’augmenter, le cours boursier n’en est que plus volatil.
Tout au long de l’année 2024, les cours boursiers ont atteint des niveaux records. Deux périodes de forte hausse se démarquent :
- De janvier à septembre 2024, le cours du café arabica est passé de 1,90$/livre à 2,60$, soit une hausse moyenne de 28,5%.
- De septembre 2024 à septembre 2025, on est passé de 2,60$ à 3,85$, soit une hausse de 48%.

En février dernier, le cours de bourse a connu un pic historique jusque-là jamais atteint de 4,40$. À titre de comparaison, le précédent record établi en 1977 était de 3,23$/livre. On est bien loin des taux de 2020 qui avoisinaient les 1$/livre.
Depuis, les prix commencent à redescendre légèrement, sans pour autant s’effondrer : ils sont revenus à leur niveau de décembre 2024.
Tout indique néanmoins qu’ils resteront élevés, car les récoltes brésiliennes se révèlent inférieures aux prévisions. Or, le Brésil, premier producteur mondial d’arabica, fixe largement le rythme du marché.
Ce mouvement spectaculaire soulève une question essentielle : comment sont déterminés les cours du café, et pourquoi fluctuent-ils avec une telle intensité ?
Comment est fixé le cours du café en bourse ?
Deux marchés régissent les cours du café : l’arabica (bourse de New York) et le robusta (bourse de Londres), mais c’est celui de la bourse américaine qui sert de référence au niveau mondial. Le marché des commodités, aussi appelé “C Market”, a été créé pour confronter l’offre et la demande de produits agricoles comme le blé, le soja, ou encore le riz.
Cependant, le marché des commodités est extrêmement volatil. Il reflète non seulement l’offre et la demande actuelle, mais aussi les anticipations futures. Ainsi, une sécheresse annoncée, une crise politique ou une pénurie potentielle peuvent faire grimper les prix avant même que l’impact réel ne se produise. C’est exactement ce que l’on observe aujourd’hui avec les sécheresses à répétition au Brésil et au Vietnam, les deux plus gros producteurs mondiaux de café.
C’est sur le C Market que le cours du café vert qualité marchande, c’est-à-dire prêt à être embarqué, est déterminé. Il s’exprime en dollars par livre (1 livre = 0,454kg). Le prix de base est fixé pour un café d’une qualité normalisée (moins de 23 défauts physiques sur 350gr). Mais dans la réalité, peu de cafés correspondent exactement à ce standard. Dans le cas où les caractéristiques ne sont pas les mêmes, plusieurs différentiels viennent ajuster le prix de base à la hausse ou à la baisse :
- La qualité : défauts, profil aromatique.
- L’origine : certains pays proposent du café de terroir, au même titre que les vins. Ces régions se démarquent par des cafés de grand cru au goût unique.
- Le mode de production : agriculture biologique, intensive, paysanne, etc.
- Le commerce équitable : les producteurs certifiés commerce équitable perçoivent une prime d’équité qui dépend du label auquel ils appartiennent.
En fonction de la période d’achat, de fortes variabilités peuvent survenir. Les cafés d'origine et du commerce équitable s'achètent avant la récolte et en quantité suffisante pour pouvoir être commercialisés toute l’année, jusqu’à la prochaine récolte.
On le voit, le cours du café est dicté par un marché spéculatif, souvent déconnecté de la réalité des producteurs. C’est précisément pour éviter cette logique et redonner du sens à la valeur du café que nous soutenons un commerce équitable, fondé sur des prix équitables et transparents.
Comment achetons-nous le café ?
Un prix minimum garanti
Les cafés verts Terra Etica sont achetés sur la base d’un minimum garanti défini par le label de commerce équitable, SPP - Producteurs Paysans, qui est de 1,86$/livre. Lorsque le cours du marché est plus haut que ce minimum, comme c’est aujourd’hui le cas, le cours actuel du marché sert de point de départ et il est revalorisé avec les différentiels précédemment évoqués :
- L’origine, dont le montant dépend du pays de provenance (à titre d’exemple, cette prime est de 3,50$/livre pour les cafés de Colombie),
- La prime bio,
- Un fond de développement pour la création de projet collectifs
Ces prix d’achat auprès des coopératives partenaires sont supérieurs au cours du marché et permettent :
- D’assurer un prix minimum basé sur les coûts de revient en cas de baisse des cours de bourse,
- De bénéficier des hausses des cours pour les producteurs. Ainsi, les coopératives ne se laissent pas concurrencer par les commerçants qui seraient tentés de venir acheter directement aux producteurs membres
- De rémunérer le travail supplémentaire exigé pour produire et garantir des cafés issus de l’agriculture biologique paysanne.
Cette méthode d’achat nous permet de sécuriser à la fois les producteurs et les consommateurs, tout en donnant un sens concret à la notion de commerce équitable. Cependant, intervient aussi la saisonnalité des récoltes de café en fonction des pays.
La saisonnalité des cafés de terroir
Notre café est acheté au gré des récoltes. Dans certains cas, nous avançons une partie des fonds – on parle alors de préfinancement des récoltes. Les coopératives qui affichent un manque de trésorerie peuvent ainsi collecter le café et payer les récoltes des producteurs membres, sans avoir à attendre la vente du café pour disposer de liquidités.
Nous nous adaptons alors à la saisonnalité de chaque origine car, en fonction des régions, le calendrier des récoltes varie. Par exemple, nos cafés provenant d’Amérique Centrale sont achetés au mois d’octobre alors que les cerises seront récoltées entre novembre et février. En revanche, nos cafés d’Amérique du Sud seront achetés en juin alors qu’ils seront cueillis jusqu’en septembre.
Entre la signature du contrat, la récolte, l’export, l’arrivée dans notre atelier à Pessac, et la torréfaction, il faut en moyenne 8 mois avant qu’un café soit prêt à être consommé.
Quand les prix sont stables ou bas, on oublie souvent que le café reste avant tout un produit agricole, soumis à des cycles naturels et à des aléas. Mais en période de forte volatilité comme aujourd’hui, cette réalité est visible : le rythme de la nature ne se force pas. C’est l’une des raisons pour lesquelles nous ne pouvons pas simplement baisser les prix.
Le tableau ci-dessous présente le calendrier des récoltes de café


Les conséquences de cette crise pour les acteurs de la filière
Malgré la crise, les producteurs avec lesquels nous travaillons ont pu tirer leur épingle du jeu. Grâce à la demande mondiale en hausse et à nos engagements sur des prix rémunérateurs, leurs récoltes ont pris de la valeur. Dans ce contexte, ils bénéficient d’une rareté qui joue en leur faveur.
Pour les coopératives, en revanche, la situation est bien plus complexe. Elles se trouvent aujourd’hui dans une position délicate face à une concurrence accrue de la part d’acheteurs privés. Ces derniers, mieux dotés en trésorerie, peuvent proposer aux producteurs des prix plus élevés et des paiements plus rapides. Résultat : les coopératives peinent à maintenir la fidélité de leurs membres car sans préfinancements, elles ne peuvent rivaliser avec ces acheteurs externes.

À cette pression s’ajoute un autre risque : voir certains producteurs quitter la coopérative pour revenir à une agriculture conventionnelle. Parce qu’elle demande plus de travail pour des rendements similaires, certains producteurs, attirés par les prix élevés du marché conventionnel, choisissent d’abandonner l’agriculture biologique. Malheureusement, sortir du bio, c’est céder à une logique de court terme. Cependant, l'enjeu dépasse la rentabilité immédiate : c’est la fertilité des sols, la biodiversité et la santé des populations qui sont en jeu. Plus que jamais, rester engagés dans l’agriculture paysanne et biologique est une nécessité pour l’avenir de la filière café.
Enfin, la volatilité du marché complique fortement la gestion des stocks. En période de hausse, les coopératives achètent du café à des prix élevés pour rester compétitives face aux commerçants. Mais si, entre-temps, le marché se retourne à la baisse, elles se retrouvent à vendre à perte, parfois jusqu’à la faillite. Ce déséquilibre est un véritable casse-tête pour celles qui n’ont pas les moyens d’absorber ces fluctuations.
Pourquoi est-il important de soutenir les coopératives de producteurs ?

Du côté des torréfacteurs, l’impact est double. D’un côté, nous devons mobiliser davantage de ressources pour acheter le café au prix du marché. Dans notre cas, cela a nécessité des emprunts et une gestion financière tendue. De l’autre, nous sommes conscients que cette situation est tout aussi difficile pour les consommateurs. Nous comprenons que ces hausses de prix puissent être pesantes, surtout dans un contexte où le coût de la vie augmente déjà sur de nombreux fronts.
Malheureusement, nous n’avons pas la possibilité de baisser nos tarifs aussi vite que les cours du café. Les cafés que vous dégustez aujourd’hui ont été achetés il y a plusieurs mois, à un moment où les cours étaient différents. Entre la récolte, le transport, la torréfaction et la mise en vente, le cycle est long. Et c’est ce décalage qui explique pourquoi nos prix ne peuvent pas suivre immédiatement les baisses du marché.
Si cette hausse est une contrainte pour beaucoup, elle pose aussi une question : une tasse de café vendue moins cher qu’un verre de soda ou de vin, est-ce vraiment normal, quand on sait la quantité de travail nécessaire à sa production ? Nous avons toujours défendu l’idée qu’un café doit être payé à son juste prix. Sans cela, ce sont les producteurs qui en font les frais, avec à la clé des fluctuations extrêmes des prix et une instabilité qui met en péril toute la filière. Accepter aujourd’hui de payer un peu plus, c’est participer à une démarche de transition sociale et écologique, respectueuse du travail de ceux qui cultivent ces cafés.
Vers un café plus juste ?
La crise actuelle renforce plus que jamais la nécessité du commerce équitable et de continuer à travailler avec des coopératives de petits producteurs pour éviter que cette situation ne leur fasse abandonner leurs parcelles, faute de soutien financier, comme c’est déjà le cas pour beaucoup d’entre eux.
Il est encore difficile de dire si cette flambée des cours va persister. Une amélioration des récoltes pourrait entraîner une légère baisse. Mais à long terme, la tendance reste à la hausse, en raison du réchauffement climatique et d’une demande mondiale qui ne faiblit pas. Il est peu probable que les cours reviennent aux niveaux de 2023, époque où les prix du café ne permettaient tout simplement pas de rémunérer équitablement les producteurs.
Cette augmentation des tarifs, bien qu’elle pèse sur le budget des consommateurs de café, marque en réalité un tournant. Elle symbolise un rééquilibrage nécessaire en faveur des acteurs les plus fragiles de la chaîne, et signifie peut-être la fin du café tel qu’on le connaissait : un produit de commodité. Dans ce contexte, la résilience est essentielle. Car ce nouveau référentiel de prix, s’il demande un effort d’adaptation, a un impact concret et positif sur les conditions de vie et de travail des producteurs que nous soutenons au quotidien.
